Lutte contre le VIH
Associations

Les résultats du questionnaire d'évaluation du JDS

Février 1994

9 minutes

Rédigé par Laurent DE VILLEPIN

Près de 200 lecteurs ont répondu à notre questionnaire (le traitement informatique a porté sur les 182 formulaires qui nous sont parvenus à temps). Rapporté à notre diffusion (2 700 exemplaires en 1993), le taux de réponse approche donc les 8 %, ce qui, en matière de presse spécialisée, est élevé et confirme un attachement au journal que nous avons pu ressentir et apprécier en maintes circonstances. Nous présentons ci-dessous une synthèse du traitement quantitatif des opinions exprimées et un échantillon des commentaires et suggestions qui nous ont été adressés. Le dépouillement complet des questionnaires et le recensement exhaustif de vos commentaires seront consignés dans un dossier d’évaluation transmis aux organismes qui subventionnent le journal (en l’occurrence et premier lieu, l’AFLS), dossier qui sera disponible sur demande pour toute personne intéressée. Est-il besoin d’ajouter que, pour notre part, les opinions exprimées constituent matière à réflexion et que nous entendons bien en tenir compte pour mieux satisfaire vos besoins d’information.

■ Profil du lectorat

L’échantillon des répondants peut être considéré comme représentatif de l’ensemble du lectorat puisque ses caractéristiques sont à peu près similaires à celles relevées dans les enquêtes statistiques sur la diffusion du journal. Géographiquement, la répartition est quasi égalitaire entre la région parisienne et la province, le reste se situant à l’étranger (5 %) et dans les Dom Tom (2 %). Les professionnels de santé représentent environ 40 %, ceux qui travaillent dans le domaine social 12 %, et 10 % appartiennent au secteur de l’éducation et/ou de la formation. Parmi les répondants, 28 % sont employés dans un hôpital ou un centre de soins, 17 % appartiennent à une association (dont la moitié spécifiquement de lutte contre le sida) et 10 % à une administration. La proximité avec la maladie est évidemment importante : 20 % sont personnellement touchés par l’infection par le VIH, et 45 % comptent parmi leurs proches une ou plusieurs personnes touchées. Notons que nos statistiques de diffusion indiquent une part croissante d’abonnés «particuliers» (par opposition aux «professionnels») qui dépasse le seuil de 25 % en 1993.

■ Habitude de lecture

Une majorité de répondants connaissent le journal depuis plus de deux ans (57 %) et conservent tous les numéros (67 %) ; 27 % le lisent en entier dès sa réception, 40 % ne s’arrêtent que sur les articles qui les intéressent et les autres (31 %) le lisent en plusieurs fois.

■ Jugement sur le contenu

Par rapport à leur besoin d’information, 34 % jugent «suffisant», et 55 % « plutôt suffisant » le contenu du journal. Le degré d’insatisfaction (qualité d’information jugée « plutôt insuffisante ») varie entre 15 % et 20 % selon les domaines, et il est le plus élevé sur les aspects touchant à la politique de santé, la vie associative et la situation à l’étranger. De même, les témoignages, les interviews et les enquêtes de terrain sont jugés «insuffisants» par un tiers des répondants, alors que le niveau de satisfaction est supérieur à 80 % concernant le traitement de l’actualité, les dossiers thématiques et numéros spéciaux et les éditoriaux et points de vue. Le même degré élevé de satisfaction (entre 80 % et 90 %) se rapporte aux critères de « rigueur scientifique », d ‘«indépendance», d ‘«engagement», de «diversité» des sujets, de clarté de présentation et de lisibilité des articles. L’information donnée dans les différents secteurs est jugée « bien adaptée aux connaissances » par 75 % des répondants, même si, en ce qui concerne la médecine et la recherche, 26 % la jugent « plutôt compliquée », 9 % « trop spécialisée » et 8 % « très ou trop compliquée ». Globalement, 31 % des répondants qui lisent le journal depuis un an ou plus estiment qu’il s’est « plutôt amélioré » et 45 % jugent que sa qualité est « restée constante ».

Quelques opinions...

 J’apprécie particulièrement la volonté de saisir le sida sous tous les angles possibles, ce qui est rarement le cas. , (Médecin en banlieue dans un centre de santé, membre de l’association Apothicom.) 

Journal de très bonne qualité indispensable pour tous ceux qui luttent contre le sida.  (Médecin à Paris dans un cabinet médical.) 

Faites plus de place aux témoignages de personnes concernées, à une info sur le droit des malades.  (Enseignant en banlieue parisienne, membre de Aides.) 

Plus d’enquêtes de terrain, d’interview, afin de rendre la lecture du journal peut-être moins austère à ceux qui ne sont pas «branchés» professionnellement sur la question. (Travailleuse sociale dans une mairie de Paris.) 

Les articles pris indépendamment sont tous intéressants, mais il manque (au niveau de l’éditorial ?) un article permettant mensuellement aux sidéens de saisir les lueurs d’espoir qui apparaissent, les certitudes qui se confirment. Les sidéens ont besoin de sentir que, globalement, « ça avance » même si c’est très lent.  (Parisien, salarié dans une entreprise.) 

Votre revue me paraît souvent sèche car technique, mais elle s’adresse surtout à des gens spécialisés. Je sais que vos sources d’information sur les traitements sont sûres, et c’est vrai qu’on demande à en savoir plus quand on est concerné. (En province, on a l’impression que l’on serait mieux soigné en allant à Paris, j’aurais aimé une enquête là-dessus.) Sinon votre journal est très sérieux, j’apprécie, et j’en profite pour féliciter toute la rédaction.  (Femme au foyer.) 

Journal passionnant dans l’ensemble que j’attends toujours avec impatience. Il fait le lien entre les différentes composantes de l’infection à VIH, ce qui se rapproche le plus de mon travail (réseau ville-hôpital). Une seule critique : un peu trop parisien, ne se passe-t-il donc rien en province ?! (Médecin à Marseille.) 

Merci de nous aider à vivre cette maladie, même si vos articles sont parfois durs à lire. En effet vous devriez systématiquement avoir chaque mois un article axé sur l’espoir (survie des malades, médicaments ou thérapeutiques d’espoir). Nous avons besoin de cela pour ne pas désespérer et nous battre.  (Homme travaillant dans le secteur du tourisme en province.) 

De tout mon cœur, continuez ! Je ne peux donner plus d’argent que mon abonnement, dommage, mais j’admire le journal pour sa logique et son côté pas pessimiste (en dehors du temps «médiatique»)  (Enseignant à Paris.) 

L’ARC (avec beaucoup plus de moyens que vous !) fait un point trimestriel très dynamique de la recherche dans sa brochure Fondamental. Vos numéros spéciaux sont généraux et touffus et d’une façon générale votre publication fait peu pour retenir l’intérêt d’un lectorat sympathisant mais non spécialisé, potentiellement le plus apte à élargir votre diffusion. Des articles d’invités, de la valeur de « Vertu de la vérité et vice de l’information », y contribueront. Merci de vos efforts.  (Ingénieur en géophysique.) 

Très bonne revue d’information générale compte tenu de la diversité des lecteurs.  (Médecin militaire en province.) 

Moins de technique. Peut-il être plus humain, plus chaleureux ?  (Notaire en province, membre de Aides.) 

Plus de nouvelles dans i «Repères». Plus de témoignages de la famille, des patients touchés de loin ou de près par l’infection du HIV.  (Employée dans un CHR en banlieue parisienne.) 

Je souhaiterais voir le Journal du sida s’étoffer. J’ai l’impression qu’il s’étiole comme un malade. Je souhaiterais que le journal s’engage plus sur la voie du soutien à la recherche plus fondamentale ou plus complémentaire. En bref, qu’il s’engage plus, qu’il prenne des risques, qu’il soit plus polémique et plus ouvert.  (Architecte à Paris, membre d’Act Up.) 

Votre journal apporte une qualité d’information fort sûre et précieuse, en ces temps de bêtise généralisée (cf. les articles la plupart du temps affligeants de la presse écrite). J’apprécie beaucoup qu’il s’adresse tout autant aux patients qu’aux divers «soignants» et intervenants (il s’agit là, je pense, d’une qualité à préserver impérativement). Merci.  (Psychiatre à Paris.) 

Alors que, sur les aspects moraux, éthiques, culturels, sociaux, politiques, le journal n ‘hésite pas à affirmer des positions qui alimentent le débat et peuvent combattre certains discours, idées ou politiques, en ce qui concerne les aspects médicaux (traitements, recherche), son contenu semble refléter la parfaite orthodoxie de la pratique et des discours médicaux dominants. Dans la réalité, on sait qu’un fort pourcentage de personnes vivant avec le VIH ont recours à des traitements complémentaires, dits alternatifs. Il est dommageable à tous points de vue de faire silence sur cette réalité.  (Employé municipal en banlieue parisienne.)  

Je regrette l’absence de Michel Cressole et le ton acide, décalé et plein d’humour de ses chroniques. D’une manière générale, j’attacherai du prix à la publication de chroniques subjectives, même très personnelles sur l’air du temps, à la manière d’un journal intime si vous voulez. Ce qui permettrait de balancer quelque peu le ton très objectif (tout à fait nécessaire au demeurant) des articles publiés. Quelques opinions...

 J’apprécie particulièrement la volonté de saisir le sida sous tous les angles possibles, ce qui est rarement le cas.

(Médecin en banlieue dans un centre de santé, membre de l’association Apothicom.)

Journal de très bonne qualité indispensable pour tous ceux qui luttent contre le sida.

(Médecin à Paris dans un cabinet médical.)

Faites plus de place aux témoignages de personnes concernées, à une info sur le droit des malades.

(Enseignant en banlieue parisienne, membre de Aides.) Plus d’enquêtes de terrain, d’interview, afin de rendre la lecture du journal peut-être moins austère à ceux qui ne sont pas «branchés» professionnellement sur la question.

(Travailleuse sociale dans une mairie de Paris.)

Les articles pris indépendamment sont tous intéressants, mais il manque (au niveau de l’éditorial ?) un article permettant mensuellement aux sidéens de saisir les lueurs d’espoir qui apparaissent, les certitudes qui se confirment. Les sidéens ont besoin de sentir que, globalement, « ça avance » même si c’est très lent.

(Parisien, salarié dans une entreprise.)

Votre revue me paraît souvent sèche car technique, mais elle s’adresse surtout à des gens spécialisés. Je sais que vos sources d’information sur les traitements sont sûres, et c’est vrai qu’on demande à en savoir plus quand on est concerné. (En province, on a l’impression que l’on serait mieux soigné en allant à Paris, j’aurais aimé une enquête là-dessus.) Sinon votre journal est très sérieux, j’apprécie, et j’en profite pour féliciter toute la rédaction.

(Femme au foyer.)

Journal passionnant dans l’ensemble que j’attends toujours avec impatience. Il fait le lien entre les différentes composantes de l’infection à VIH, ce qui se rapproche le plus de mon travail (réseau ville-hôpital). Une seule critique : un peu trop parisien, ne se passe-t-il donc rien en province ?!

(Médecin à Marseille.)

Merci de nous aider à vivre cette maladie, même si vos articles sont parfois durs à lire. En effet vous devriez systématiquement avoir chaque mois un article axé sur l’espoir (survie des malades, médicaments ou thérapeutiques d’espoir). Nous avons besoin de cela pour ne pas désespérer et nous battre.

(Homme travaillant dans le secteur du tourisme en province.)

De tout mon cœur, continuez ! Je ne peux donner plus d’argent que mon abonnement, dommage, mais j’admire le journal pour sa logique et son côté pas pessimiste (en dehors du temps «médiatique»)

(Enseignant à Paris.)

L’ARC (avec beaucoup plus de moyens que vous !) fait un point trimestriel très dynamique de la recherche dans sa brochure Fondamental. Vos numéros spéciaux sont généraux et touffus et d’une façon générale votre publication fait peu pour retenir l’intérêt d’un lectorat sympathisant mais non spécialisé, potentiellement le plus apte à élargir votre diffusion. Des articles d’invités, de la valeur de « Vertu de la vérité et vice de l’information », y contribueront. Merci de vos efforts.

(Ingénieur en géophysique.)

Très bonne revue d’information générale compte tenu de la diversité des lecteurs.

(Médecin militaire en province.)

Moins de technique. Peut-il être plus humain, plus chaleureux ?

(Notaire en province, membre de Aides.)

Plus de nouvelles dans i «Repères». Plus de témoignages de la famille, des patients touchés de loin ou de près par l’infection du HIV.

(Employée dans un CHR en banlieue parisienne.)

Je souhaiterais voir le Journal du sida s’étoffer. J’ai l’impression qu’il s’étiole comme un malade. Je souhaiterais que le journal s’engage plus sur la voie du soutien à la recherche plus fondamentale ou plus complémentaire. En bref, qu’il s’engage plus, qu’il prenne des risques, qu’il soit plus polémique et plus ouvert.

(Architecte à Paris, membre d’Act Up.)

Votre journal apporte une qualité d’information fort sûre et précieuse, en ces temps de bêtise généralisée (cf. les articles la plupart du temps affligeants de la presse écrite). J’apprécie beaucoup qu’il s’adresse tout autant aux patients qu’aux divers «soignants» et intervenants (il s’agit là, je pense, d’une qualité à préserver impérativement). Merci.

(Psychiatre à Paris.)

Alors que, sur les aspects moraux, éthiques, culturels, sociaux, politiques, le journal n ‘hésite pas à affirmer des positions qui alimentent le débat et peuvent combattre certains discours, idées ou politiques, en ce qui concerne les aspects médicaux (traitements, recherche), son contenu semble refléter la parfaite orthodoxie de la pratique et des discours médicaux dominants. Dans la réalité, on sait qu’un fort pourcentage de personnes vivant avec le VIH ont recours à des traitements complémentaires, dits alternatifs. Il est dommageable à tous points de vue de faire silence sur cette réalité.

(Employé municipal en banlieue parisienne.)

Je regrette l’absence de Michel Cressole et le ton acide, décalé et plein d’humour de ses chroniques. D’une manière générale, j’attacherai du prix à la publication de chroniques subjectives, même très personnelles sur l’air du temps, à la manière d’un journal intime si vous voulez. Ce qui permettrait de balancer quelque peu le ton très objectif (tout à fait nécessaire au demeurant) des articles publiés.  (Employé administratif, Paris.) 

Prix élevé qui m’a obligé à prendre mon dernier abonnement par l’intermédiaire d’un tiers. Envoi non clos = risque d’ouverture accidentelle ou déchirure de l’enveloppe.  (Militaire dans la marine en province.) 

Trouver un "ton" un peu moins revendicatif et agressif. Tout n ‘est pas nécessairement négatif dans les réponses institutionnelles envers l’épidémie.  (Médecin dans un hôpital parisien.) 

Pour moi le journal c’est un peu l’espoir de trouver une bonne nouvelle à l’intérieur. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a pas tellement de bonnes nouvelles, mais je continue à espérer.  (Employé dans une administration à l’étranger.) 

Que le journal reste au-dessus des polémiques. (...) Que le journal n ‘oublie pas d’«anticiper» (...). Que le journal nous surprenne parfois ! Ce serait possible, sans pour autant perdre de sa rigueur informative (qui fait de lui un journal de «référence»). Osez parfois, ce ne serait pas si compromettant, il suffit de le faire «intelligemment». Cherchez !  (Femme, maître de conférence dans une université parisienne, membre d’Act Up.)  

Faire une revue de presse et (des) critiques des articles importants parus dans les hebdos. Lors d’un scoop dans les médias, j’attends le journal pour prendre la mesure de l’information.  (Travailleuse sociale dans une antenne provinciale d’Aides. (Employé administratif, Paris.) 

Prix élevé qui m’a obligé à prendre mon dernier abonnement par l’intermédiaire d’un tiers. Envoi non clos = risque d’ouverture accidentelle ou déchirure de l’enveloppe.  (Militaire dans la marine en province.) 

Trouver un "ton" un peu moins revendicatif et agressif. Tout n ‘est pas nécessairement négatif dans les réponses institutionnelles envers l’épidémie.  (Médecin dans un hôpital parisien.) 

Pour moi le journal c’est un peu l’espoir de trouver une bonne nouvelle à l’intérieur. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a pas tellement de bonnes nouvelles, mais je continue à espérer.  (Employé dans une administration à l’étranger.) 

Que le journal reste au-dessus des polémiques. (...) Que le journal n ‘oublie pas d’«anticiper» (...). Que le journal nous surprenne parfois ! Ce serait possible, sans pour autant perdre de sa rigueur informative (qui fait de lui un journal de «référence»). Osez parfois, ce ne serait pas si compromettant, il suffit de le faire «intelligemment». Cherchez !  (Femme, maître de conférence dans une université parisienne, membre d’Act Up.)  

Faire une revue de presse et (des) critiques des articles importants parus dans les hebdos. Lors d’un scoop dans les médias, j’attends le journal pour prendre la mesure de l’information.  (Travailleuse sociale dans une antenne provinciale d’Aides.)

Place du journal

Pour 31 %, le Journal du sida est « la référence principale en matière d’information sur le sida », alors qu’il est« un élément parmi d’autres » pour 48 %, élément qui «sert à faire le lien entre les autres sources d’information » pour 15 autres pour cent. A la quasi unanimité, la périodicité (mensuelle) du journal est jugée bonne. Enfin, la moitié des répondants lit chaque mois le dossier de l’AFLS comme le reste du journal, jugeant utiles (53 %) les informations qu’il contient, opinion qui n’est pas partagée par 23 %, dont 15 % qui se déclarent «surpris» par la présence de ces pages institutionnelles.

Journaliste et ancien rédacteur en chef du Journal du Sida
Article du JDS #59

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